Les tableaux et peintures sur les stoïciens

Je vous propose un voyage à travers quelques peintures mettant en scène deux des stoïciens les plus connus : Marc Aurèle et Sénèque, pour mieux comprendre leur vie, leur parcours et les  difficultés auquel ils ont pu faire face.

Marc Aurèle

Marc Aurèle secourant le peuple de Joseph Marie Vien, 1765

Le règne de l’empereur se voit perturbé par la peste antonine (du nom de la dynastie dont provient Marc Aurèle) qui tua 7 à 10% de la population soit 10 millions de personnes sur les 64 que comptait l’empire. Ici on le voit distribuer du pain et des remèdes au peuple souffrant. Cette peste est un des nombreux obstacle auquel il a du faire face durant sont règne et ceux-ci ne l’ont jamais détourné de la vertu , ils ont au contraire renforcés sa volonté. Car l’obstacle est partie entière de sa philosophie en ce qu’il permet de se grandir et de mettre à l’épreuve notre vertu, c’est une réelle opportunité. C’est d’ailleurs par la confrontations aux obstacles qu’on peut se découvrir (mon article sur la nécessité de l’inconfort). 

« Mes activités peuvent bien être entravées, mais mon élan spontané et ma disposition ne peuvent être entravés, parce que je puis choisir entre mes actes et renverser l’obstacle. L’intelligence, en effet, pour tendre au but qui la guide, renverse et déplace tout obstacle à son activité. Ce qui suspendait cette action devient action, et route ce qui barrait cette route. » écrit il dans ses pensées.

Marc Aurèle secourant le peuple de Joseph Marie Vien, 1765

« Jamais sous les lambris des Rois on n’avait encore employé les arts à un plus noble usage : on n’y verra ni des batailles, ni des triomphes, ni les crimes des Dieux, ni les fureurs des Conquérants ; mais des leçons précieuses de bienfaisance & de vertu. Ce sera un monument consacré à la mémoire des bons Princes »  dira Mathon de la Cour à propos de ce tableau. 

Le triomphe de Marc Aurèle de Tiepolo Giandomenico

Philosophe, homme d’état mais surtout empereur Marc Aurèle mènera des guerres (guerres marcomanes) pour fortifier la frontière sur le Danube suite à des incursion de germains et sarmates ainsi que des rebellions. Ne souhaitant pas détériorer encore plus les relations avec les populations locales  en augmentant les impôt pour financer ce projet il décide de vendre sur le forum de Trajan (Rome) une grande partie de sa fortune. Un Arc de Triomphe sera érigé à sa gloire. Loin de l’image de l’empereur vivant dans une opulence décadente, il ne s’attache guère à la fortune, non pas qu’il la condamne mais en bon stoïcien il considère qu’il ne faut pas s’attacher aux biens matériels car nous n’avons pas de contrôle sur ceux-ci, ils peuvent disparaitre du jour au lendemain : une faillite, une guerre… Il ne veut pas laisser reposer son bonheur sur une chose aussi futile.  Pour ce détacher de du matériel il sortait parfois habillé en mendiant pour s’habituer à la pauvreté et garder contact avec le réel. N’oublions pas qu’un empereur est un dieu vivant et certains  comme Néron ont été pris d’hubris. 

Le triomphe de Marc Aurèle de Tiepolo Giandomenico

La mort de Marc Aurèle de Eugène Delacroix, 1844 

Ce tableau met en scène les dernières paroles de l’Empereur à ses amis philosophes et stoïciens à qui il demande de conseiller son fils Commode, qui deviendra l’élément déclencheur du déclin de l’Empire. A l’opposé de son père qui dédie sa vie à la vertu, il s’inscrit progressivement dans la ligne de Néron et Caligula en devenant tyrannique, sanguinaire et ne vivant que pour son propre plaisir. C’est la fin de la période des cinq bon empereurs. 

La mort de Marc Aurèle de Eugène Delacroix, 1844 

Paysage avec les ruines du Temple de Hubert Robert, 1789

Rome a chuté sous le poids de la barbarie, la tyrannie et la décadence de ses derniers empereurs et hommes d’état, mais si le Forum est en ruine, la statue de Marc Aurèle siège en son cœur, forte et droite. Une philosophie de vie et des valeurs cohérentes qui ont résisté au temps pour venir semer le trouble dans nos vie, nous questionner sur nos agissements et permettre une introspection à l’homme moderne. 

« […] Il faut donc être droit, et non pas redressé. » Livre 3 – V, Pensées pour moi-même

Paysage avec les ruines du Temple de Hubert Robert, 1789
Sénèque

La mort de Sénèque 

De nombreuses peintures mettent en scène la mort de Sénèque qui s’est suicidé. Sénèque fut conseiller de Néron au début de son règne, il tente d’éclairer cet empereur perçu comme un monstre, il arrivera à briser la relation incestueuse de celui-ci avec sa mère et essayera d’orienter l’action de sa politique vers le bien. Sénèque très reconnu pour ses écrits, ses poèmes et de plus en plus apprécié du peuple commencera à être haï de Néron, il décide de s’éloigner du pouvoir et propose même de remettre toute sa fortune à l’empereur, celui-ci refuse. Néron tentera de l’empoisonner en vain. En 65 un complot contre Néron est organisé (Conjuration de Pison) par des sénateurs, des militaires tout comme des membres de sa propre famille qui ont peur de subir sa tyrannie. Il échoue et sous la torture certains donnent le nom de Sénèque espérant obtenir la grâce de l’empereur qui trouve là une occasion de se débarrasser du philosophe. Sénèque est contraint au suicide forcé, sur ordre de Néron il s’ouvre les veines. Le sang coulant trop lentement de ses bras on lui coupe également les veines des jambes. Sa mort fut très longue, tellement longue qu’il eu le temps de dicter  à son secrétaire un discours. Il décide ensuite de boire de la ciguë, un poison, toujours trop lent, il demande à ses esclaves de  le mettre dans une étuve pleine d’eau brulante. Il finie asphyxié par la vapeur et le corps brûlé.  

La Mort de Sénèque de Jacques-Louis David , 1773
Le suicide de Sénèque de Manuel Domínguez Sánchez
Morte di Seneca de Luca Giordano, 1684
La mort de Sénèque de Rubens, 1612

Si vous voulez en savoir plus sur la vie de Sénèque j’ai écris un article sur son exil en Corse

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